Le 80ème Congrès HLM se déroule à Paris en s’accompagnant d’un fort sentiment d’inquiétude. Entre craintes de financiarisation du logement social, c’est-à-dire l’entrée d’investisseurs privés avec des objectifs essentiellement tournés vers les rendements plutôt que vers la poursuite de la mission fondatrice de solidarité des HLM de loger les plus modestes, et craintes liés aux impératifs de regroupement des petites sociétés HLM énoncés dans la loi ELAN, questionnant sur le coût de ces restructurations et le principe de proximité écorné à court terme par ces mariages forcés, le modèle français, même imparfait, pourra-t-il y survivre longtemps ?
Ces deux principales menaces risquent en effet de bouleverser un paysage déjà en totale recomposition, gardant cependant encore les grands fondamentaux de la mission sociale des HLM. La vision financière du logement social reste taboue mais jusqu’à quand ?
Le logement social vers la marchandisation
Le patrimoine des organismes HLM suscite des engouements. Il devient un placement possible pour les investisseurs privés à l’heure où l’État resserre les aides de quelle que nature que ce soit tout en incitant à accroître la production de nouveaux logements. Le désengagement public est un signe négatif pour l’effort de construction et la possibilité de l’accès aux logements des plus modestes avec le rôle social qui s’y adosse. Mais avec plus de 4,5 millions de logements sociaux, le patrimoine immobilier des sociétés d’HLM attire les convoitises. Déjà largement ponctionnés, les organismes HLM sont appelés à puiser dans leurs fonds propres en peau de chagrin. La nécessité de remplir les caisses sera-elle un argument décisif ?
Par ailleurs, le regroupement des petits bailleurs de moins de 10 000 logements interroge. Le principe financier s’invite également sur ce sujet. La mutualisation serait source de rentabilité, rentabilité acquise pour un organisme HLM atteignant la taille critique de 50 000 logements. Mais avant de réaliser des économies d’échelle, les rapprochements ont un coût. De surcroît, on appréhende ce que pourrait devenir la gestion de proximité et la qualité de service liées depuis toujours aux valeurs des organismes HLM, en tout cas dans leur discours.
Dans ces perspectives, le modèle français est-il encore viable ?